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Le Bagheera
28 novembre 2012

Des Palestiniens à Paris (article paru dans le numéro 4)

Avez-vous déjà entendu parler de l’association Al-Kamandjati ?

Elle a été créée en 2002 par un Palestinien (bien que cette nationalité n’existe pas), Ramzi Aburedwan. Cette association donne un accès à l’éducation et la formation musicale aux enfants de Palestine et du Liban.

Afin de fêter les 10 ans de l’association, des musiciens et élèves de cette association se sont rendus en France, en tournée. Ils ont commencé par un concert à la mairie du vingtième arrondissement de Paris.

À leur entrée en scène, ils ont été accueillis par un tonnerre d’applaudissements. Il était un peu étrange de voir cette salle entière, applaudissant ces musiciens qui n’avaient pas encore joué une seule note. Pourquoi les applaudir ? Peut-être tout simplement parce qu’ils ont le courage de se déplacer, de sortir hors de chez eux. Parce qu’ils sont arrivés jusqu’à nous. Parce qu’après, ils retourneront chez eux. Parce que là-bas, on ne va pas de la capitale à une autre grosse ville comme ça, avec n’importe quelle plaque d’immatriculation, et pourtant, tous ces gens venus de Ramallah, Tel Aviv ou Jérusalem sont là.

Ils nous ont joué diverses chansons, toutes en arabe, bien sûr. Ramzi nous en annonçait le sujet avant qu’ils ne les interprètent. Ces chansons parlaient d’amour, de voyage, de liberté et de paix. Il s’agissait de musique classique orientale. Celle que vous imaginez quand on vous dit « musique orientale ». Avec les ouds, les violons et ces minuscules intervalles dans la voix(1) que vous n’entendrez jamais dans la musique occidentale. L’orchestration était toujours la même. Les instrumentistes et le chœur chantant d’un côté, le soliste de l’autre. Parfois, dans une même chanson le chanteur qui était venu au premier rang était tantôt choriste tantôt soliste.

Car, contrairement à ce qu’on peut voir dans la musique occidentale classique, le soliste n’était pas toujours la même personne. En réalité, à chaque chanson, une nouvelle personne sortait du rang des choristes ou des instrumentistes pour venir au premier rang et chanter.
Ainsi avons-nous vu de tout : hommes et femmes, ancien muezzin et jeune élève, jeune femme aux longs cheveux cascadant sur ses épaules, jeune fille aux cheveux voilés de rouge portant la clé de la nakba (2) autour du cou…

Je ne suis pas arabophone, aussi n’ai-je pas compris le sens de ces chansons. Mais j’ai pu ressentir le plaisir que les musiciens avaient à jouer, l’attention et le cœur qu’ils y mettaient. Je ne comprenais pas un mot de leurs chants, mais je sentais qu’ils les chantaient de tout cœur. Et lorsque l’une des jeunes filles s’est mise à chanter une reprise d’Oum Kalsoum, elle était aussi envoûtante que l’illustre chanteuse… Quelque chose flottait dans la salle lorsqu’elle chantait à pleine voix « Salam, salam, salaaam » (« la paix » en arabe). Oui, bien que traditionnels, ces chansons étaient très actuelles, bien que les paroles soient dans une langue qui n’était pas parlée par tout le public cette musique a remué tout le monde, et les musiciens ont eu droit à un deuxième tonnerre d’applaudissements. Dont nous avons été récompensés par un bis…

 

(1)au besoin, Gad Elmaleh explique ça très bien dans sa comparaison avec une autoroute dans le spectacle "Papa est en haut"

(2)Il s’agit de ces clés que certains Palestiniens portent autour du cou et qui symbolisent le foyer perdu, celui dont on les a expulsés en 1948.

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